À cet égard, les mathématiciens Mésopotamiens sont particulièrement avancés. Les Babyloniens, par exemple, sans pour autant dégager de formule générale , disposent de méthodes systématiques de résolution des problèmes de degré 1 et 2, dont certains mettent même en jeu des systèmes, linéaires (ou non). Dans quelques cas particuliers, ils résolvent même des problèmes de degré 3 et 4.
Par comparaison, l'algèbre égyptienne de la
même époque (début du
millénaire avant notre ère) peut paraître assez
rudimentaire. Pénalisés par un système de
numération inadapté et des notations lourdes (pour
les fractions par exemple), les égyptiens résolvent
au cas par cas des problèmes du premier degré
uniquement, et cela par des méthodes qui nous sembleraient
de peu de rigueur.
Les Grecs eux-mêmes, à cause peut-être de la fameuse crise des irrationnels, se méfient, un peu, de l'algèbre et l'ont peu fait progresser. Ni les Pythagoriciens (plus préoccupés des entiers), ni les successeurs d'Euclide (qui se consacrent avant tout à la géométrie) ne s'y sont beaucoup intéressés. Le dixième livre des élémentsconstitue néanmoins le fondement de nombreuses recherches algébriques du Moyen-âge.
Exception éclatante : Diophante d'Alexandrie,
mathématicien du siècle
après J.-C., dont les Arithmétiquesconstituent
peut-être le premier traité d'algèbre classique
. Il y introduit en effet la notion d'équation
algébrique, c'est-à-dire la relation entre les
puissances successives d'un nombre inconnu (arithmos) qu'il s'agit
de déterminer par transformations successives de la
relation. Sa démarche déductive est certes en recul
par rapport à la méthode axiomatique d'Euclide, mais
il se permet ainsi de considérer les fractions et les
irrationnels comme des nombres à part entière, ce qui
renforce la généralité de ses
méthodes.