FOIRE AUX QUESTIONS DE fr.sci.maths         CHAPITRE II: DEMONSTRATIONS

 


II-6. Transcendance de e

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La transcendance de e fut prouvée par Charles Hermite en 1873 (Lindemann devait suivre avec pi en 1882, seulement). C'est beaucoup plus difficile et horrible à écrire ici. Je résume donc brutalement. Soit f(t) un polynôme (quelconque pour l'instant) et F(t) la somme de toutes ses dérivées successives. En intégrant par parties, on prouve d'abord (c'est très facile) que exp(x) * (intégrale, de 0 à x, de exp(-t) * f(t)) = - F(x) + exp(x) * F(0). On suppose ensuite que e satisfait à l'équation algébrique à coefficients entiers : somme, pour k variant de 0 à n, de a_k * exp(k)=0 (Ce n'est évidemment pas une restriction que de supposer a_0 non nul). L'identité générale précédente donne alors : somme, pour k variant de 0 à n, de a_k * exp(k) * (intégrale, de 0 à k, de exp(-t) * f(t)) = - somme, pour k variant de 0 à n, de a_k * F(k). (1) Ici, coup de génie de Hermite : il choisit maintenant le polynôme f(t) = (t^(p-1))/(p-1)!) * produit pour j variant de 1 à n, de (j-t)^p, où p est un nombre premier supérieur à n et à |a_0|. (C'est possible, puisqu'il existe une infinité de nombres premiers) Il démontre ensuite que le second membre de (1) est un entier non multiple de p (c'est élémentaire, mais subtil), donc non nul, donc de valeur absolue valant au moins 1 (astuce classique en arithmétique !). Par ailleurs, le premier membre de (1) -> 0 lorsque p -> +oo, selon la suite des nombres premiers (par des majorations fort brutales). C'est la contradiction cherchée.