Mais le grand apport des mathématiciens italiens à
l'algèbre est la résolution par radicaux des
équations de degré et
à la toute fin du
siècle,
Scipione dal Ferro parvient à l'expression par radicaux des
racines de l'équation cubique sans terme en
(ce qui est équivalent à la résolution
complète, mais il semblerait qu'il ne le savait pas). Quoi
qu'il en soit, dans une tradition médiévale un peu
surannée, il choisit de garder sa découverte
secrète. Il la confie à sa mort à son
élève Fior qui ne la divulgue pas. En 1535,
Tartaglia, établi à Venise comme professeur de
mathématiques, propose une méthode de
résolution des équations cubiques sans terme en
, mais Fior lui en conteste la
priorité. Ce genre de querelles se réglaient en des
défis. Fior met Tartaglia au défi de résoudre
l'équation sans terme en
, et celui-ci y
parvient, assurant sa victoire.
Quelques années plus tard, un médecin et
mathématicien milanais, Cardan, vient trouver Tartaglia pour
obtenir l'autorisation de publier ses formules dans sa grande somme
mathématique, l'Ars Magna[Car45]. Tartaglia refuse, mais devant
l'insistance de Cardan, il consent à lui exposer sa
méthode, avec la promesse qu'elle ne sera pas
publiée. Malgré tout, les fameuses formules de Cardan
apparaissent bien dans l'Ars Magna, et une violente querelle
s'ensuit qui ne prend fin qu'en 1548. On trouve également
dans le traité de Cardan la solution de l'équation
générale de degré que
l'on peut attribuer avec certitude à l'élève
de Cardan, Ferrari (auquel on pense en fait devoir un grand nombre
des résultats publiés par Cardan)...
Une particularité de la méthode de Tartaglia est de faire intervenir, au cours du calcul, des racines carrés de nombres négatifs, ce qu'il avait du mal à prendre en considération. Le premier à avoir véritablement admis les complexes en tant que nombres, plutôt qu'artifices calculatoires, est Bombelli. Il présente les règles générales de calcul sur les complexes et toutes les récents progrès de l'algèbre peu avant sa mort, dans Algebra, parta maggiore dell'arithmetica[Bom72].